Calixte Bayrou, DVM, ECBHM : « Complexe respiratoire bovin »

Complexe respiratoire bovin et le rôle de Mannheimia haemolytica

La pneumonie reste l’un des principaux problèmes chez les veaux, avec un impact majeur sur leurs performances futures. Les recherches montrent que les veaux ayant souffert d’une pneumonie sévère ont beaucoup moins de chances d’atteindre leur première lactation. Même s’ils y parviennent, leur production en première lactation peut être réduite de 525 kg de lait.

Le complexe respiratoire bovin (CRB) est un complexe multifactoriel, dans lequel des pathogènes viraux et bactériens, combinés à des facteurs environnementaux, contribuent au développement de la maladie. Le Dr. Bayrou met en lumière la prévalence croissante des infections causées par Mannheimia haemolytica, l’un des principaux pathogènes du complexe respiratoire bovin (CRB). Ces dernières années, on observe une augmentation des cas de pleuropneumonie chez les vaches laitières hautes productrices, et de polysérosite chez les veaux de boucherie. Il est intéressant de noter que la pleuropneumonie chez les vaches laitières est souvent causée par les sérotypes A1 et A6 de Mannheimia haemolytica, tandis que le sérotype A2, considéré comme « moins pathogène » et normalement présent dans la flore nasale et pharyngée des veaux en bonne santé, est désormais fréquemment associé à la polysérosite chez les veaux de boucherie. Toutefois, ces différents sérotypes produisent la même leucotoxine, l’un des principaux facteurs de virulence de Mannheimia haemolytica.

Le rôle de Mycoplasma bovis, capable de contourner le système immunitaire et de provoquer une infection persistante, a également été abordé. Bien que Mycoplasma bovis ne cause pas de dommages majeurs à lui seul, sa co-infection avec Mannheimia haemolytica aggrave considérablement la gravité de la maladie. Les études montrent que ces infections combinées peuvent affecter significativement la santé générale des animaux et augmenter les risques de lésions durables.

Nutrition et immunité

La nutrition joue un rôle crucial dans la santé des veaux, notamment dans le contexte du CRB et de l’efficacité des vaccinations. Différents nutriments sont essentiels à la réponse immunitaire efficace des veaux. Le Dr. Bayrou souligne que les veaux présentant une carence en vitamine A ont une réponse immunitaire amoindrie après une vaccination ou une infection par le BRSV. De même, des minéraux tels que le sélénium, le cuivre et le zinc ont un effet direct sur le système immunitaire. Leur supplémentation peut significativement améliorer la réponse immunitaire suite à une vaccination. Par ailleurs, le rôle de l’albumine ne doit pas être sous-estimé. Une hypoalbuminémie peut entraîner un risque accru de maladies, telles que les pneumonies, et réduire l’efficacité des vaccinations. Cela souligne l’importance d’une alimentation équilibrée pour renforcer la résistance des veaux.

Programme alimentaire recommandé pour les veaux

Enfin, le Dr. Bayrou a insisté sur le fait que l’administration de lait ad libitum aux veaux permet une croissance nettement meilleure et des animaux plus robustes. Il recommande le programme alimentaire suivant :

  • Lait ad libitum : jusqu’au sevrage, ou au moins durant le premier mois de vie (si l’éleveur souhaite limiter les coûts). En pratique, il est conseillé d’acidifier le lait ou le lactoremplaceur.
  • Alimentation restrictive après le premier mois : 10 % du poids vif par jour
  • Accès à l’eau et au calf starter dès la naissance.

Un avenir plus sain pour les veaux

La présentation du Dr. Bayrou a clairement démontré que la nutrition, la microbiologie et la gestion sont étroitement liées à la santé et aux performances des veaux. Les connaissances approfondies sur le CRB et le rôle de Mannheimia haemolytica soulignent l’importance de mesures préventives, telles qu’une alimentation équilibrée et des stratégies de vaccination efficaces. En outre, l’approche pratique pour l’alimentation des veaux fournit des lignes directrices pour améliorer leur croissance, leur immunité et leur résilience. En appliquant ces connaissances, les éleveurs peuvent non seulement améliorer la santé de leurs animaux, mais également contribuer à une exploitation plus durable et rentable.